:// Société Standardisée :
Installation
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"Société standardisée"

Installation non-interactive, radios réveils, électricité, interférences

Depuis l'avènement de l'ère technoscientifique de la mécanisation, de l'industrialisation, nous vivons dans une société qui se standardise (presque) allègrement selon des phénomènes fort complexes mais qui ont tous une même origine : le passage d'un mode de pensée analogique à un "régime" cérébral analytique.

On s'est en effet attaché ces derniers siècles à découper en petits morceaux le réel, ce qui faisait continuité dans nos existences. On peut, à ce sujet, tout d'abord considérer le langage avec sa grammaticalisation, son découpage en éléments transcriptibles, classifiables.

Le temps s'est vu, lui aussi, découpé en morceaux, par le divorce progressif entre nos rythmes de vies et les rythmes naturels et biologiques, par la discipline temporelle héritées des logiques industrielles ou aujourd'hui productivistes, discipline conditionnant l'acceptation à l'asservissement temporel lié au travail, la façon dont on se représente le temps et lui attribue une valeur.
L'espace, depuis l'adoption du système métrique, est aujourd'hui également quadrillé plus concrètement par nombre de satellites, radars et autres caméras de surveillance et se retrouve lui-même inféodé à des règles d'aménagements qui tendent à le segmenter, le spécifier au profit d'usages de plus en plus privatifs.
De l'anthropométrisme au fichage génétique, quel progrès ! Nos sociétés ne manquent pas non plus de moyens de faire rentrer les individus dans des cases physiques, intellectuelles, bientot psycho-génétiques, destinées certes au contrôle, mais aussi à la synthèse de phénomènes complexes, dans une optique statistique et prédictive.

Notre propre obsolescence est elle programmée, à l'instar des nombreux radios réveils que j'ai tenté d'acquérir pour pouvoir moi-même me conformer aux cadres temporels qui me sont proposés ?

Il s'est avéré que ces radios réveils, acquis selon des régimes économiques alternatifs (le vide grenier) et des principes moraux a priori louables (le recyclage, le développement durable, ...), sont tous frappés de petites pannes diverses qui les rendent chacun inutilisables. La réponse apparaissait alors en lettre de lumière sur mon plafond : il fallait que j'achète un radio réveil neuf pour m'intégrer pleinement dans ce cycle de vie-produit-société standardisée. Xul offre là une formidable occasion de contre-carrer ces forces qui semblent inéluctables en donnant une seconde vie à des appareils promis à l'enfer.

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~> Installation réalisée lors de l'événement XUL4 http://xul.philippecoudert.com/blog/category/xul-2011/